Manifeste du créatif

PARTI PRIS : Concevoir ce manifeste comme un outil d’introspection.

EXPERTISE : Conception rédaction — Photo et retouche — PAO.

Ce manifeste est un support de réflexion sur le rôle du créatif, peu importe son domaine et son moyen d’expression. Il n’a pas vocation à convaincre ni à persuader, mais plutôt à exposer un opinion à un moment défini, et donc à ouvrir un dialogue.

Il va certainement évoluer en même temps que ma vision, mon environnement et mes expériences. 

Réflexions subjectives autour du rôle du créatif

Pas de curiosité sans objectivité

Un bon communicant se doit d’être curieux, pas seulement dans son travail mais aussi dans son quotidien. Les signes et les sources d’inspiration sont partout et sous toutes les formes. On peut faire le parallèle avec la lecture : plus une personne lit, plus elle acquiert de vocabulaire. Plus un communicant s’inspire, plus il aura de références. Il faut ensuite sélectionner et manipuler ces signes de manière cohérente et en connaissance de cause.

J’ajouterai que bien communiquer, c’est rester objectif dans sa curiosité — si toutefois cela est possible. Il ne doit pas se fermer des portes sous prétexte qu’un sujet ne l’intéresse pas. Au contraire, la culture générale se nourrit et s’enrichit de sources diverses et variées. On peut trouver quelque chose esthétiquement moche tout en reconnaissant une prouesse technique ou un concept fort.

Communication, représentation et diversité

La communication se doit de représenter ceux qu’elle touche. Dans notre société, les cultures, les couleurs et les références s’entrelacent, se complètent, se repoussent. En bref, elles interagissent. Si le créatif souhaite s’ancrer dans le présent, être réel et réaliste, ces interactions doivent se ressentir dans ses productions.

Si on veut aller plus loin, on peut même dire que cette représentation des diversités est une obligation, car la communication s’apparente à un outil de manipulation. Lorsqu’un évènement majeur a lieu, on retrouve souvent des archives des années, des décennies ou des siècles plus tard. Ces souvenirs photographiques, vidéographiques, sonores ou écrits, sont les preuves que des personnes et des évènements ont existé. Si on choisit volontairement d’omettre des éléments, c’est comme s’ils n’avaient jamais existé. Ce vide laisse place aux questionnements et aux fausses interprétations.

Petites structures pour penser grand

Je pense que les organisations à taille humaine offrent plus de liberté de création. Les projets sont souvent neufs, en plein développement. Les commanditaires veulent des idées inédites mais imposent certaines contraintes, notamment budgétaires. Ainsi le créatif se trouve challengé, sa créativité est mise à l’épreuve et c’est d’autant plus enrichissant pour lui.

S’ajoute à cela le sentiment de responsabilité, qui est souvent plus fort dans ces petites structures. On suit toutes les étapes du projet, on travaille aussi bien sur les concepts que sur les supports, on échange beaucoup, on se sent plus investi.

D’humain à humain

Chaque projet amène des rencontres. De ces échanges naissent des idées, de la joie, des réflexions, parfois des déceptions. Ce sont toutes ces choses qui nourrissent et enrichissent la communication. Sans ces échanges, elle est déconnectée de la réalité et manque de sens.

Dans une certaine mesure, la communication se doit d’être emphatique et à l’écoute. Elle doit respecter les croyances, les histoires et les sensibilités des personnes qu’elle touche. Bien sûr, elle peut ouvrir le débat, mais il me semble que la communication ne doit pas intentionnellement choquer ou offenser ceux qui la reçoive. Au contraire, les débats doivent constituer une opportunité de se remettre en question, et donc d’évoluer.

Responsabilité, engagement et estime de soi

Cette première position introduit un questionnement : dans quelle mesure le créatif est-il responsable de ce qu’il partage ? Selon moi, le créatif, peu importe le domaine dans lequel il exerce, doit adopter une éthique légale et morale. Cela implique nécessairement de refuser certaines demandes, voire d’éviter complètement certains milieux. À titre personnel, il me semble difficilement concevable de travailler pour l’industrie du pétrole ou la fast fashion, par exemple. Il y a une différence entre consommer et faire la promotion de pratiques controversées.

Un créatif, pour être efficace, doit croire en ce qu’il partage. Son travail doit être en harmonie avec ses croyances, son identité et ses valeurs. Dans le cas contraire, son travail peut avoir des répercussions sur sa propre estime et sa santé mentale.

Perpétuelle évolution ou éternelle insatisfaction ?

La communication change constamment. Ses outils, ses médiums et ses méthodes évoluent, par conséquent, le créatif aussi. Le principe même d’évolution, puisque qu’il est lié à l’inconnu, peut conduire à un sentiment d’incertitude et de doute. Le communicant se retrouve parfois face à un manque de confiance en lui, voire au syndrome de l’imposteur. Il faut réussir à allier innovation et certitudes, à trouver un équilibre pour ne pas être dépassé et pouvoir se dépasser.

Suivre les conventions ou réinventer les codes

Le créatif fait face à un choix : doit-il suivre les codes établis ou peut-il les briser ? Il n’y a pas de bonne réponse. Le choix se fait en fonction de la pertinence de la méthode par rapport au projet. Au risque d’être incompris, on peut assumer et même être fier d’être à contre-courant. L’important est d’être cohérent, d’assumer ses partis pris et de donner du sens à ses productions. C’est de cette manière qu’on forge son style et son identité en tant que designer.

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